[Infirmerie] Agression et conséquences... [PV]

Il faisait un peu moins froid ce matin là, et trois mois étaient passés depuis sa dernière dispute en date avec Daphnée et ses répercussions sur son comportement. Il l'avait évitée consciencieusement jusqu'à maintenant, privilégiant même les filles de Poudlard à celles de Beauxbâtons pour ne pas avoir à la croiser plus que nécessaire. Il n'avait pas envie de se poser de questions, ni l'énerver davantage, la provoquer jusqu'à ce qu'elle lui en veuille de manière irrémédiable. Non, il aimait la vie qu'il menait, et il n'avait pas envie d'en changer. Et il n'avait pas envie de s'enticher de qui que ce soit, alors le mieux, c'était de ne plus lui parler c'est tout.

Sauf que ce matin là, une rumeur assez bizarre courait dans le château, une rumeur qui la concernait directement. « Oui oui, c'est comme je te dis. Apparemment le champion de Poudlard sort avec elle. C'est pas si surprenant, elle était déjà sa cavalière pour le bal... » étaient les paroles qui n'avaient cessé de résonner à ses oreilles depuis qu'il s'était levé. Tellement cliché. Le blond et la blonde. Ce n'était pas comme s'il ne s'était pas attendu à un truc pareil. Quoique, il ne comprenait toujours pas ce qu'elle lui trouvait, il faisait beaucoup trop monsieur parfait ce type, fade, banal. Il n'aurait pas dû s'en préoccuper, mais c'était plus fort que lui, ça l'intéressait. Une curiosité malsaine, il n'avait pas besoin de savoir pourtant. Ça ne le concernait pas après tout, il sortait avec Olivia, certes, ça ne durerait pas, mais c'était le cas. Quant à Daphnée, elle n'avait qu'à vivre sa vie, il n'aurait pas dû s'en soucier !

Et il comptait laisser tomber, sortir dans la cour, et aller courir pour se changer les idées. Mais visiblement, le destin était contre lui. Droit dans son champ de vision, dès qu'il sortit dehors dans le froid hivernal, le tout nouveau couple. Il s'immobilisa, les observant un instant. Mais déjà ils se séparaient, et Jason se retrouvait seul dans la cour, tandis que la Française arrivait vers lui. Ils se croisèrent, Kolia évita de la regarder et reprit aussitôt son chemin, vers une nouvelle destination. Il se sentait bouillir de l'intérieur, sans pouvoir exactement se l'expliquer. Mais il avait parfaitement conscience de la méthode à adopter pour résoudre ce problème. Il n'avait jamais été doué pour réfléchir, il était adepte des actions directes, claires, les impulsions qui lui venaient comme ça. Il arriva au niveau du Serdaigle, et avant même que celui n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, il lui envoya son poing dans la figure. « Wow, ça me démangeait depuis longtemps ! » Il était tellement satisfait, qu'il ne vit même pas le coup arriver. Visiblement, le choc n'avait pas été trop dur pour Jason. Une douleur au visage, et au ventre, et tout devînt noir.


« Désolé du retard Daphnée... J'ai eu un problème avec ce type là, Severinov. Il est à l'infirmerie... J'ai pensé que tu voudrais le savoir, vu que vous avez l'air de vous connaître... » Qu'est-ce qu'il lui avait pris au juste, à ce cinglé de Russe ? Il ne croyait tout de même pas qu'il allait le laisser lui taper dessus sans répliquer ?



Lorsqu'il se réveilla, il n'ouvrit pas les yeux dans un premier temps. Tout ce qu'il ressentait, c'était un horrible mal de crâne. Et il n'arrivait absolument pas à se souvenir de ce qu'il venait de se passer. Il ouvrit les yeux et fut ébloui par la blancheur des lieux. L'infirmerie. Pourquoi se retrouvait-il là ? Il se redressa quelque peu... Et son regard se posa sur un visage qu'il connaissait bien. « Daphnée ?! » Il écarquilla les yeux, surpris. « Qu'est-ce je fais là ? » Avec tout ça, il en avait même oublié d'employer son ton railleur habituel. Pour l'instant, il voulait juste comprendre ce qu'il lui était arrivé.

Il était totalement dans le brouillard. Il n'arrivait plus à se souvenir de quoi que ce soit avant le matin même, et, pour compléter le tableau, il avait mal. Et il ne savait pas pourquoi ! Qu'est-ce qui lui était arrivé pour qu'il se retrouve à l'infirmerie ? Il l'ignorait, et il ne savait pas non plus pourquoi Daphnée était présente. Il avait ouvert les yeux, et elle était là. Alors qu'il l'avait évitée depuis trois mois, pourquoi fallait-il qu'elle apparaisse devant lui tout d'un coup ?! Mais pour l'instant, il ne s'en souciait même pas, c'était loin d'être au centre de ses préoccupations. Il voulait savoir comment il s'était retrouvé là. Déjà, si ça avait été quelque chose de réellement grave, Lena aurait été convoquée, or elle n'était pas là donc il en déduisait qu'elle n'avait rien à battre de son sort que ça devait se limiter à un incident mineur. Mais malgré tout, il avait perdu la mémoire !

Il avait à peine remarqué que la Française était en train d'écrire lorsqu'il l'avait interpellée, mais il dut bien s'en rendre compte lorsqu'il vit ses affaires s'écraser par terre. Il se sentit d'autant plus perdu. Pourquoi était-elle là, et pourquoi en profitait-elle pour rédiger sa correspondance ? Si elle croyait être à la volière, il y avait erreur, et même grosse erreur, il était loin d'être un hibou ! Il se redressa d'autant plus, retenant une grimace de douleur, mais il n'avait pas franchement le courage ou la force de se pencher pour ramasser les affaires de la jeune fille. Tant pis, au moins elles ne pouvaient pas tomber plus bas !

Lui demander les raisons de sa présence à l'infirmerie lui avait paru être la chose logique à faire, du moins c'était la première question qui lui était venue à l'esprit. Or, il ne s'était nullement attendu à une réaction pareille, sinon il se serait clairement tu ! « Aïe ! T'as pété un câble ou quoi ? On ne frappe pas un malade, espèce de sadique ! » répliqua-t-il faiblement, le coup ne valant pas non plus de grandes exclamations indignées. Il songea tout de même que, pour le frapper, elle devait au moins avoir de bonnes raisons, et elle ne tarda pas à les lui donner. Et il éclata de rire, trop surpris pour faire quoi que ce soit d'autre. Qu'est-ce qu'elle racontait, elle était tombée sur la tête la Française ? A croire que les rôles étaient inversés, c'était plutôt elle qui aurait dû se trouver dans ce lit ! Et en même temps, il ne voyait pas trop l'intérêt qu'elle aurait à mentir... Il tenta donc de masquer son rire en toussotement, et tâcha d'arborer un air un peu plus sérieux. « Hein ? Quoi ? Mais de quoi tu parles ? Je l'ai pas touché ton blondinet, du moins... Pas que je me souvienne. Je me souviendrais quand même d'un évènement pareil tu ne crois pas ? D'ailleurs, pourquoi irais-je le frapper ? Ce n'est pas comme s'il en valait la peine ! » commenta-t-il avec conviction. A tous les coups, elle allait encore lui en vouloir pour ses paroles, mais il n'en avait rien à faire en l'occurrence.

« T'es sûre que tu vas bien, tu m'as l'air un peu agitée. Ce ne serait pas plutôt à toi qu'il serait arrivé quelque chose... ? » suggéra-t-il précautionneusement. C'est qu'il n'avait pas non plus envie de se prendre d'autres coups. On ne sait jamais, elle ne serait pas forcément aussi tendre les fois suivantes ! Et puis là, il ne prenait pas non plus plaisir à l'énerver. Il était complètement paumé, alors non, il ne s'amusait pas. Il voulait juste comprendre bon sang ! Et en même temps, il se demandait pourquoi elle était venue. Il croyait qu'elle le détestait ? Finalement, il avait dû se tromper. Ou bien elle était venue pour l'étouffer avec son oreiller pendant qu'il dormait ?

« Tu frappes mon copain »... «mon copain » Il resta silencieux, interloqué. Comment ça ? De quoi parlait-elle ? Elle ne pouvait pas être sérieuse. C'était une plaisanterie ? Non, elle n'avait pas l'air d'humeur à rire. Mais comment pouvait-on sérieusement sortir avec Cooper ? Avait-elle seulement conscience de la bombe qu'elle venait de lâcher dans l'esprit du jeune homme ? Il était juste trop surpris pour réagir. Était-ce pour cette raison qu'il l'avait frappé, en admettant qu'il l'ait frappé ? Eh bien, ça lui semblait être une raison tout à fait légitime. Il ne pouvait pas le supporter ce type de toute manière, alors il fallait bien que ça arrive un jour ou l'autre. Mais si c'était bien le cas, pourquoi était-ce lui qui se retrouvait à l'infirmerie au lieu de ce crétin ? Son monologue intérieur dura quelques instants, le temps qu'il pèse le pour et le contre avant de lui répondre. « Je ne t'ignore pas, De Montmorency. Tu n'es pas le centre de l'univers, c'est tout, du moins, pas le centre du mien, alors je ne vois pas pourquoi il faudrait nécessairement que l'on se voie et que l'on se parle. » corrigea-t-il d'un ton devenu dur, amer. C'était plus fort que lui. « Mais, si je t'inspire tant de mépris, pourquoi es-tu là ? » Il avait besoin de savoir, et malgré lui, il se sentait curieux. Quant à sa question concernant Jason, il l'avait un peu écartée, il ne se souvenait de rien, il ne voyait donc pas l'intérêt d'en parler.

Kolia n'arrivait pas à y croire, il se retrouvait à l'infirmerie en ayant perdu tout souvenir de sa journée, et elle arrivait à trouver le moyen de lui taper dessus et de le rendre responsable de tout ça ! Oui, certes, il est responsable, mais c'est un détail voyons ! Mais eu lieu d'être énervé, il était juste amusé. D'ailleurs, même lorsqu'ils se disputaient, il n'avait jamais été réellement en colère contre elle, tout ça, c'était juste un jeu. Mais peut-être que ce jeu était allé trop loin ? Quant à la question de Daphnée... Attendait-elle réellement une réponse sérieuse ? Parce que dans ce cas là, elle était tombée sur le mauvais interlocuteur ! « J'avais aussi pensé à affronter une Manticore ou un Basilic, mais apparemment aucune des deux créatures n'était disponible. » répondit-il en souriant. Bon d'accord, c'était une tentative assez moyenne de faire de l'humour, mais il fallait qu'elle se calme la Française, elle était tendue comme pas possible là ! Qui plus est, il ne savait même pas de quoi elle parlait, quel danger ? Mais ne pas avoir toutes les cartes en main ne l'empêchait pas de répliquer avec assurance, fidèle à lui-même jusqu'au bout !

Mais la raison de sa présence à l'infirmerie, il ne tarda pas à la connaître. Sauf que ce que lui dit –ou beugla, question de point de vue– la jeune fille lui parut tellement surréaliste qu'il ne put étouffer un rire. Cependant, ce genre de blagues de mauvais goût n'était absolument pas le style de Daphnée, ça il en était conscient. Même s'ils se chamaillaient sans cesse, il savait parfaitement qu'elle n'irait jamais inventer une histoire à dormir juste debout juste pour le plaisir. Surtout que ça n'avait aucun intérêt, quitte à créer un accident incongru, autant que ce soit quelque chose de vraiment ridicule. Il lui répondit donc en toute sincérité qu'il ne voyait pas de quoi elle parlait, il avait beau réfléchir, il ne voyait pas de raison particulière pour laquelle il aurait frappé l'Anglais. Enfin si, il y en avait des tonnes, mais pas plus qu'hier ou que demain, et il avait quand même suffisamment de self-control pour ne pas frapper sur le premier idiot venu. Elle sembla comprendre qu'il était sincère, ce qui était préférable étant donné qu'il avait besoin qu'elle lui donne des détails, et pas l'inverse. C'était à elle de le tenir au courant ! Il haussa un sourcil quand elle l'évoqua comme n'étant qu'une espèce de brute prêt à cogner sur tout ce qui lui passait sous la main. « Je te dis que je n'ai pas cogné sur cet idiot. Et, en admettant que ce que tu dis est vrai, pourquoi c'est moi qui suis à l'infirmerie, hein ? Suivant ton scénario, nos rôles –à Monsieur Rosbeef et à moi– devraient être inversés. » lui fit-il remarquer, sans songer un instant que Cooper ait pu le mettre à terre. Une telle pensée était tout simplement ridicule.

Elle lui assura qu'elle allait bien, et le ton qu'elle employa pour parler –celui auquel il avait l'habitude– le rassura sur ce point. Effectivement, elle semblait être dans son état normal, à un ou deux détails près, ceci dit, il était toujours paumé, de son côté. Comme c'était frustrant de ne se souvenir de rien ! Il ne la contredit pas cette fois, et ferma les yeux un instant, cherchant à tout prix à se concentrer. Finalement, il les rouvrit en soupirant, croisant le regard azur de Daphnée. « Je me souviens... Avoir échangé quelques mots avec Sacha hier soir, ensuite je suis allé me coucher et... Plus rien. » Sérieusement contrarié à présent, il ressentait le besoin irrépressible d'envoyer balader le premier objet qui lui passerait sous la main, mais il craignait d'effrayer Daphnée. Pourtant, ses sourcils froncés et les plis sur son front ah les rides, elles arrivent toujours aux moments les plus impromptus ! ne laissaient aucun doute concernant son état d'esprit.

Même s'il refusait de l'admettre à haute voix, il était sincèrement touché qu'elle soit venue le voir. Il n'aurait jamais cru qu'elle ferait une chose pareille, mais elle était là, elle l'avait veillé ? Mais ce sentiment de joie qu'il ressentait, sa bonne humeur qui revenait, tout vola en éclat lorsqu'elle prononça le mot "copain". Il devînt brusquement amer et méchant, et c'était comme contre sa volonté. Mais il n'avait pas le choix, elle ne le lui laissait pas le choix ! Elle n'avait pas le droit de venir le voir –alors qu'il avait techniquement une petite amie, mais ça c'est accessoire– pour lui annoncer ensuite une nouvelle pareille. Leurs rapports n'étaient pas normaux, il le savait, mais ça lui convenait très bien jusqu'à maintenant. Mais à présent... Ce n'était juste plus possible, il voulait vraiment qu'elle parte, qu'elle retourne auprès de son crétin de champion. Et en même temps, en même temps il voulait la voir rester. Il l'avait froissée, peut-être, sans doute, il ne pouvait pas réellement savoir étant donné qu'elle avait baissé la tête. Il avait envie de lui demander à qui elle écrivait, mais ce n'était tout simplement pas compatible avec la situation présente.

Il fut déstabilisé par ses paroles. Et il ne voyait même pas quoi lui répondre. Peut-être valait-il mieux qu'ils ne se voient pas, et encore moins qu'ils se parlent ? Sauf qu'ils étaient dans la même école actuellement, alors ne pas se rencontrer paraissait presque impossible. Et il voulait la voir... Mais pas si elle était avec Cooper. La situation était déjà suffisamment délicate comme ça, pourtant la jeune fille en rajouta une couche en commençant à parler en Français. Que, quoi ? Il avait quelques vagues notions, uniquement du basique, et malheureusement elle n'avait pas non plus fait l'effort de bien articuler pour qu'il puisse déchiffrer ses paroles. Et il était vraiment curieux à présent, de savoir ce qu'elle avait bien pu dire. Mais elle n'ajouta rien, et le silence revînt, jusqu'à ce qu'il lui pose la question. La question primordiale, celle qui nécessitait absolument une réponse, celle qui lui permettrait de comprendre... Et sa réponse fut des plus surprenantes. Ce n'était pas vraiment ce qu'il attendait, mais il tressaillit. Elle l'avait appelé par son prénom... Et comment pouvait-elle croire une chose pareille ? En quoi la détestait-il ? « Daphnée... » commença-t-il avec incertitude, ne sachant pas exactement comment il comptait s'exprimer, mais il fut interrompu par l'ouverture brutale des portes de l'infirmerie.

« - Nicolaï ! » Il se redressa brusquement, comme ayant reçu une décharge. La voix ne trompait pas, ni l'air soucieux de sa petite amie. Qui l'avait mise au courant de l'accident ? « Olivia... » Oh la catastrophe... Elle arrivait pile au mauvais moment celle-là. Trop tard pour faire semblant de dormir ? Il ne put qu'adresser un regard d'excuse à Daphnée. La deuxième Française arriva à leur niveau, et prit finalement conscience de la présence de sa camarade, à qui elle adressa un regard pas franchement chaleureux. « Ah, toi aussi tu es là, Daphnée ? »

Dans l'univers de Nicolaï, il n'était peut-être pas le meilleur en classe, mais il était le plus fort et le plus athlétique –même si Sacha pouvait aussi prétendre à ce titre–. Se faire mettre au tapis par un Anglais maigrichon et presque inconnu était carrément impossible par conséquent, aussi robuste soit-il, et même si celui-ci était le champion de Poudlard. Tout ça n'y changeait rien. Même leur écart d'âge n'aurait pas suffi à le décourager. Alors, imaginer un seul instant qu'il puisse se retrouver à l'infirmerie à cause du blondinet... Non, c'était totalement hors de propos. Daphnée devait se tromper. Ou bien il l'avait attaqué en traître, ce lâche ? C'était la seule explication plausible. Il porta machinalement la main à sa joue endolorie. Un hématome ? Vraiment ? Il fronça les sourcils, toujours peu enclin à accepter cet état de fait. « Qu'est-ce que tu racontes ?! » Le fait qu'elle semble sur le point d'exploser de rire n'aidait pas d'ailleurs. Mais pourtant, il fallait bien qu'il soit à l'infirmerie pour une raison. Péniblement, il tâcha de rassembler ses souvenirs, mais c'était peine perdue. Il se contenta donc de réunir les éléments qu'il possédait. Daphnée et Jason sortaient ensemble. Il avait cogné sur Jason et celui-ci avait visiblement répliqué, et ce suffisamment fort pour l'envoyer dans les choux. Fantastique. C'était probablement la journée la plus pourrie de son existence. Machinalement, il porta la main à sa joue endolorie, celle où était censé se trouver l'hématome. « Il est très visible ? » Superficiel jusqu'au bout. Il n'avait pas particulièrement envie d'être défiguré voyez-vous ? Autrement le blondinet allait le payer cher.

L'information supplémentaire que lui apporta Daphnée le fit froncer les sourcils. « On s'est croisés... Ce matin ? » Brusquement tout lui revînt en mémoire. Les rumeurs, son arrivée dans le parc, le tout nouveau couple juste sous ses yeux, Daphnée à qui il n'avait pas adressé le moindre regard, le coup de poing... Il ferma les yeux. Il se souvenait de tout. La raison de sa colère, la douleur fulgurante, le trou noir... Il était trop crétin pour elle. Le couple cliché, le blond et la blonde. Risible. L'amertume revint aussi, sans qu'il sache exactement pourquoi. Il ne dit rien cependant, soucieux de ne pas froisser la Française en disant à nouveau quelque chose de méchant. Mieux valait qu'il se taise pour l'instant, le temps d'être tout à fait calme. Il n'arrivait pas à croire qu'un simple coup ait pu lui faire oublier la mémoire. Le choc d'avoir été cloué au sol peut-être... Il avait sous estimé Jason pour le coup. Mais il ne méritait pas son respect pour autant. Il ne pouvait pas le supporter, c'était un fait. Et dire qu'il lui avait indiqué son chemin le premier jour. Grossière erreur, il aurait dû le laisser se perdre dans les coins les plus reculés du château tiens.

Pourquoi était-elle venue ? Il ne le savait toujours pas, elle avait contourné sa question. Pourtant la réponse qu'elle lui avait donné avait suffi à le perturber. Il ne la détestait pas, ce n'était pas de la haine. Elle ne comprenait pas. C'était trop complexe, même dans sa tête à lui, pourtant il voulait la détromper, lui faire comprendre qu'elle avait tort. Il n'en eut pas le temps. Il cherchait une formulation adaptée, une façon correcte de s'exprimer parce qu'en général il ne se prenait pas la tête et disait les choses directement comme elles lui venaient. Or cette fois, ce n'était pas ce qu'il voulait. Il fallait qu'elle réalise qu'elle était dans le faux... Mais l'arrivée d'Olivia l'empêcha de parler. Il distingua très nettement les paroles de Daphnée et ne put s'empêcher de sourire. C'était exactement ce qu'il venait de penser. Il ne manquait vraiment plus qu'elle. Pourquoi sortait-il avec cette cruche s'il ne l'aimait pas ? Avait-il réellement besoin d'une raison ? Elle était jolie, et sang-pur, ça suffisait. Ce n'était pas comme si ça devait durer de toute manière.

Le Russe laissa les deux jeunes filles à leur échange de "politesses", préférant se faire discret pour l'instant. Il était fatigué, il avait mal, et il n'était pas d'humeur. Tout sonnait faux dans leur dialogue, une tension pesante s'était installée dans l'infirmerie. Les inimités transparaissaient très clairement et, même si la situation aurait pu avoir quelque chose d'amusant, Kolia était juste lasse. Il écouta vaguement ce qui se disait, notant que visiblement Olivia avait des oreilles partout mais ne s'en souciant pas plus que ça. Elle pouvait bien faire ce qui lui chantait après tout, même s'il aurait préféré qu'elle n'entende pas la conversation des deux blonds, et surtout qu'elle ne vienne pas à l'infirmerie. La remarque sur le retard de la jeune fille lui parut bien pertinente néanmoins, après tout, elle avait effectivement mis trois plombes à arriver. Mais il n'allait pas non plus s'en plaindre, si ? Il l'aimait bien Olivia, mais à petite dose.

Ah, elle avait finalement abandonné Daphnée pour s'intéresser à lui. Merveilleux. Il la laissa s'asseoir, détournant les yeux de l'autre Française. « Je vais bien, vraiment. Ce n'était pas la peine de venir, tu sais ? » lui fit-il remarquer avec détachement. Oups, ce n'était peut-être pas la chose à dire. Elle parut franchement vexée, ses yeux s'embuant à vue d'œil. « Alors pourquoi est-elle là, elle ? » interrogea-t-elle sur un ton particulièrement pincé, les sourcils froncés. Pas de doute, elle parlait bien de Daphnée. « Tu le sais déjà, non ? Elle passait juste de la part de Jason, après ce qui s'est passé il valait mieux qu'il ne se présente pas ici en personne, tu ne crois pas ? Et elle a un prénom. » trancha-t-il avec froideur. Son ton habituel lorsqu'il s'adressait aux personnes autres que sa sœur et son meilleur ami. La réponse ne parut pas vraiment satisfaire Olivia, mais il s'en souciait peu.

Les commentaires d'Olivia commençaient franchement à l'agacer, et la présence de Daphnée le mettait mal à l'aise. Peut-être qu'effectivement, ils devraient arrêter de se voir ? Ça vaudrait peut-être mieux pour tous les deux. Il n'était sûr de rien pour l'instant. Tout ce qu'il voulait, c'était se reposer. Il s'expliquerait plus tard. « Olivia, je crois que tu devrais partir, vraiment. Et... Toi aussi... Daphnée. J'aimerais me reposer. » Il évita consciencieusement le regard de cette dernière. Il s'en voulait de la virer ainsi, et du ton qu'il avait employé aussi... Sans compter qu'il ne s'était toujours pas expliqué.