Il pleuvait à verse. Encore.
Pourtant, ce n'était pas vraiment le principal soucis de Pomona Chourave, professeur de Botanique de Poudlard, actuellement bien occupée à chouchouter les plantes qu'elle aimait tant.
Elle jeta un coup d'oeil vers le plafond de la pièce. Des fleurs géantes, dont la taille était proche de celle d'un parapluie, ornaient le plafond vitré. Au travers de la paroi de verre, on pouvait voir sans peine s'écraser les gouttes de pluie par millier, et cela ne semblait pas vouloir s'arrêter de si tôt. La teinte grisâtre des nuages et le mauvais temps donnaient l’impression que la journée était déjà bien avancée, alors qu’on était seulement en début d’après-midi. Pomona sourit vaguement. Ainsi, elle risquait de rester coincée dans les serres pour un moment... rien de grave, en somme.
L'atmosphère de ces lieux était agréable et plutôt chaleureuse, quoique indéniablement humide. La flore était présente dans les moindres recoins de la pièce, à tel point que cette dernière aurait pu être assimilée à une jungle, quoique organisée. Ici avaient été regroupées, depuis des années et des années, les plantes rares et fragiles, ainsi que celles que devaient étudier les élèves, de leur première à leur septième année. Bien sûr, on était loin du confort du château, mais pour rien au monde le professeur Chourave n’aurait souhaité être ailleurs. Il était de notoriété publique que la botanique et les plantes étaient sa grande passion, qu’il s’agisse de plantes dangereuses ou parfaitement inoffensives.
L'attention du professeur fut d'ailleurs justement par les plants de travail qu'utilisaient les élèves lorsqu’ils faisaient cours dans cette salle. Justes derrière ceux-ci, les travaux pratiques d’une classe de 2ème année attendaient d’être notés… et elle les avait totalement oubliés !
La salle de cours se trouvait juste à côté de la Serre, les deux pièces étant reliées par une simple porte. Pomona n’eut donc pas à affronter la pluie diluvienne de l’extérieur lorsqu’elle s’y rendit pour récupérer une feuille de parchemin et une plume. Elle épousseta la terre qui restait accrochée à sa robe, et un sort lui permit de se nettoyer tout aussi rapidement les mains.
Penchée sur l’une des plantes –massacrée- par un élève apparemment particulièrement inattentif, elle n’entendit pas la porte s’ouvrir. Mais un brusque courant d’air glacé la surpris. Elle sursauta, et se retourna pour faire face à celui/celle qui venait d’entrer.
Cependant, elle ne reconnut pas immédiatement le nouvel arrivée. Il portait une robe de sorcier classe, et une cape entre les mains. A première vue, celle-ci était sèche, Pomona supposa donc qu’elle devait avoir été protégée par des sorts. Mais tous ces détails ne répondaient pas à sa question. Qui était-ce ? L’allure lui rappelait vaguement quelqu’un, mais elle avait tellement vu défiler d’élèves qu’elle ne réussit pas à faire le lien.
C’est alors que le visiteur pris la parole.
<< Bonjour Pomona, -elle fut étonnée… ils se connnaissaient donc ?- est-ce que vous vous souvenez de moi? – *justement, non*, songea-t-elle- Je suis Matthew Petrosyan... l'un de vos anciens élèves... brillant élève même sans trop me vanter… et bien je suis heureux de vous revoir. >>
Il esquissa un sourire et posa sa cape sur une table inoccupée. Le détaillent toujours, ses sourcils froncés creusant quelques rides sur son front, elle le détailla encore quelques secondes avant que ce qu’il disait ne lui revienne en mémoire.
- Oh, mais bien sûr !, s’exclama-t-elle d’un ton enjoué en se posant une main sur le front. Mais il est vrai que j'ai eu du mal à vous reconnaître, jeune homme, sourit-elle.
Non, elle n’avait pas vraiment la mémoire visuelle –sauf lorsque ça concernait les plantes, évidemment. Sans compter le fait que son ancien élève avait bien changé, depuis le temps. Cependant, le nom –Petrosyan- ne pouvait manquer de raviver ses souvenirs. Un brillant élève, en effet, ce qui expliquait qu’elle ne l’ait pas oublié. Et maintenant qu'elle le savait, les traits lui semblaient de nouveau familiers.
<< Ça n'a pas changé ici...que de beaux souvenirs… >>, reprit-il.
- Cela dépend pour qui, fit-elle malicieusement remarquer. Certains élèves considèrent cette endroit comme leur pire cauchemar !
Elle leva les yeux au ciel d’un mouvement théâtral.
- C’est quelque chose que je ne comprendrai jamais, finit-elle en secouant la tête.
Mais, assez parler de tout ça. (elle reprit immédiatement l’air enjoué et chaleureux qui ne la quittait que rarement). Que devenez-vous ? Et que faites vous à Poudlard, d’ailleurs ? Je suppose que vous avez entrepris de longues études puisque, si je me souviens bien, vos excellents résultats vous le permettaient largement…
Elle cessa un court instant de parler, le temps qu’il lui réponde, puis...
- Mais... au nom de Merlin, vous grelottez !, fit-t-elle remarquer en le coupant brusquement. Je suis vraiment désolée, je ne me suis même pas rendue compte que vous deviez certainement être transi de froid... Elle avait toujours eu une fâcheuse tendance à s’inquiéter pour un rien, et affichait en cet instant un air coupable... .
Et pourtant, ce n'est pas vraiment étonnant, avec un temps pareil. D'ailleurs, il n'ét pas très sage de quitter le château maintenant.
Son ton s'était fait légèrement réprobateur.
- Asseyez,-vous. Je demande immédiatement à un Elfe de maison de vous apporter quelque chose de chaud. Un café ? Non, plutôt du chocolat. Cela vous fera du bien, vous verrez.
Elle ne lui laissa pas le temps de répliquer que, déjà, elle l’emmenait vers un siège (l’un des rares qui n’étaient pas encombrés) et disparaissait dans la pièce à côté. Pomona Chourave avait souvent un caractère de mamie gâteau, il fallait l’avouer….
Une minute plus tard, elle revenait, et au même un « PLOP » retenti au même moment dans la pièce, tandis qu’apparaissait une créature au teint verdâtre et à la mine rabougrie. Ses immenses yeux globuleux se posèrent sur le jeune homme. L’Elfe tenait entre ses doigts noueux une tasse de chocolat fumant, ayant été enroulé de quelques serviettes pour éviter que Matthew ne s’y brûle les doigts. Il la lui tendit, s’éloigna un peu et, après s’être incliné jusqu’à ce que son immense nez touche le sol, il disparut aussi vite qu’il était arrivé.
Pomona fixa alors son regard perçant sur son ancien élève, attendant patiemment qu’il prenne au moins une gorgée pour se remettre à parler. Encore un de ses défauts, sans doute… Elle était plutôt bavarde. Mais c'était surtout lié à son caractère, et le jeune homme était sûrement conscient du fait que cela faisait plaisir au professeur Chourave d’avoir de ses nouvelles. Elle s’intéressait toujours sincèrement à ce que devenaient ses anciens élèves.