There will be blood ! [ Davel ]

Davel & Jenna

CRÉDIT - CSS

Jenna Kingston avait quitté d'un pas vif la salle commune de Gryffondor. Le fait était qu'elle ne s'y sentait pas à l'aise lorsque tant de monde y était entassé, piaffant, gloussant, bavassant, voire beuglant (Damon on t'a reconnu !). Il y avait des moments (relativement fréquents) où la jeune fille ressentait le besoin d'être seule. Ou en tout cas certainement pas entourée de trente-six élèves survoltés qui lui cassaient hautement les pieds. Elle n'était pas ce qu'on pouvait qualifier quelqu'un de très sociable. Disons simplement qu'elle éprouvait parfois le besoin irrépressible de saisir la tête de deux de ses camarades (tous âges et maisons confondues) et de les fracasser l'une contre l'autre telles deux vulgaires noix de coco. Oh, elle ne voulait de mal à personne ! Elle était incapable de faire du mal à une mouche. La seule qu'elle était sûre de blesser, c'était elle-même. Mais lorsqu'elle se retrouvait en territoire bondé, ces pulsions de violence (totalement sous contrôle, cela va sans dire !) se faisaient terriblement présentes. Les enfants en bas âge comprendre les première années qui gigotaient dans tous les sens et ne pouvaient s'exprimer sans hurler au minimum deux ou trois syllabes étaient probablement les pires. Et oui, peut-être qu'elle était un peu misanthrope au fond. Mais franchement, elle s'en fichait royalement tant qu'on la laissait enfin en paix.

La blondinette laissa donc Noah et Damon continuer leur conversation, n'étant même pas certaine qu'ils constateraient son absence. Aussi aimable qu'une porte de prison ce soir là, ils avaient sans doute jugé préférable de laisser la jeune fille tranquille. Sage décision, braves bêtes garçons. Le bruit lui tapait sur les nerfs, et il était temps pour elle de prendre l'air. Elle soupira d'aise lorsqu'elle se trouva dans le couloir du septième étage désert, et silencieux. Merlin ce que ça faisait du bien. Cependant, rester plantée devant le tableau de la grosse dame aurait été une erreur stratégique: lieu de passages continuels, elle pouvait être certaine que dans maximum deux minutes, deux gourdes allaient sortir de l'obscurité (ah bon, ce sont ses camarades de dortoir ?) et venir perturber son petit moment de quiétude. Elle opta donc pour une petite marche, loin des lieux d'attroupement, de préférence. Le deuxième étage lui semblait être une destination idéale, puisque généralement peu fréquenté. Probablement parce qu'il abritait les toilettes de cette pleurnicheuse de Mimi. Ce fantôme était une vraie plaie. En première année, jeune, fougueuse et innocente, la petite Jenna s'était retrouvée dans ces toilettes, qui comme elle le saurait plus tard étaient désaffectées, et à raison. Mauvaise surprise que de se retrouver nez à nez avec une binoclarde aux yeux larmoyants au moment où vous vous apprêtez paisiblement à refermer la porte des toilettes et partir en quête du papier (tout le monde sait que c'est un fourbe, après tout !).

Un peu (beaucoup) dans la lune –puisqu'elle songeait aux deux rouleaux de parchemin qu'ils avaient à rendre au professeur Flitwick pour le lendemain. L'année des BUSE, ha tu parles d'une rigolade !– elle ne vit l'armure trônant fièrement près du bureau du professeur Quirell qu'au moment où elle la heurta de plein fouet, les yeux écarquillés de surprise et les muscles tendus, habitués à ce genre de catastrophe. BONG. Choc, douleur, et étrange résonance dans tout son être. Elle tomba (élégamment, évidemment !) sur les fesses, les yeux fermés et les dents serrées. Arf. Elle rouvrit péniblement les yeux lorsque les échos du choc semblèrent s'atténuer, serrant nerveusement sa main gauche, qui lui faisait mal. Bon sang, on aurait pu croire qu'après quinze ans de malheur, elle serait habituée ! Mais non, la douleur restait la même. Quant à sa fierté, elle l'avait abandonnée depuis longtemps. A quel instant exactement ? Elle n'en était pas sûre. Etait-ce lorsqu'elle avait trébuché sur un jouet et avait atterri droit dans le gâteau à la crème qu'apportait joyeusement son père lors de la fête d'anniversaire de sept ans ? Ou peut-être lorsque, devant tout Poudlard réuni, elle avait donné un violent mais involontaire coup dans le tabouret sur lequel elle était censée s'asseoir et qui était allé se loger droit dans le tibia du professeur McGonagall le jour de la répartition ? Ou encore quand elle avait manquer d’assommer le professeur Bibine avec son balai, lors de leur premier cours de vol ? Difficile à dire. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle s'était ridiculisée devant un nombre toujours grandissant de témoins.

Marmonnant quelques jurons, la Lionne finit par se dresser, réunissant toute la dignité qui lui restait (donc pas grand chose !), jetant un passage un bref regard circulaire sur le couloir, pour s'assurer que personne ne l'avait vue. Pas vue, pas arrivé ! Ses yeux se posèrent alors sur sa main douloureuse, et dans un état hébétude qui aurait pu s'avérer comique si on l'observait, elle s'aperçut que celle-ci était couverte d'une substance écarlate, qui gouttait joyeusement sur son uniforme. Il lui fallut une fraction de seconde pour réaliser que c'était du sang, et qu'elle avait (Merlin savait comment) réussi à se couper au moment de la collision. Elle leva la tête vers l'armure. Ah, l'épée. Elle ne put cacher un rictus en songeant avec ironie qu'au moins maintenant, elle était sûre d'avoir laissé sa trace à Poudlard. « Pfff, quelle galère. » marmonna-t-elle en approchant la main de son visage, pour évaluer les dégâts. Bonne nouvelle, ça ne semblait pas trop profond. La quantité de sang qui coulait était elle en revanche assez impressionnante. « Pomfresh va encore tirer la tronche. » grimaça-t-elle en imaginant d'avance la tête de l'infirmière la voyant revenir dans son antre dans un si court délai. Elle y était déjà le matin même en raison d'une saleté de morsure qu'elle avait subi en cours de soin aux créatures magiques. A ce stade, on pouvait parler de pathologie, non ?

Et c'est là qu'elle se rendit compte qu'elle n'était plus seule. Un grand brun venait d'apparaître à l'angle du couloir. Jenna le reconnut aussitôt. Qu'est-ce qu'il fichait là ? Une lueur d'agacement passa dans le regard de la Rouge et Or, qui songea qu'il était trop tard pour faire comme si elle ne l'avait pas vu. Leurs regards venaient de se croiser. « Hemmigway. » lança-t-elle dans un hochement de tête, plus par politesse que par plaisir. C'était le frère de Damon, alors elle se forçait au moins à le 'saluer', strict nécessaire. Sur ce, elle détourna les yeux du Serpentard, sortant sa baguette de sa poche en réfléchissant à un sortilège qui pourrait lui être utile. Mais, comme toujours, l'odeur du sang lui donnait la nausée, et ressentant un léger vertige, elle s'accrocha négligemment au mur, le temps de regagner contenance. « Tu ne pourrais pas aller te pavaner autre part ? » maugréa-t-elle en voyant qu'il était toujours là. Sale type.